par Dragostin Lazarov janvier 16, 2023
Après avoir brisé la glace avec un petit trajet à un peu plus d'une heure de Montréal, nous étions assez confiants pour partir explorer un peu plus loin! Par contre, notre deuxième petit voyage ne s'est pas déroulé comme prévu. La "vanlife" nous réserve des fois des surprises qui ajoutent du piquant à l'aventure! Le camping Le Rescapé attendait notre arrivée dans un petit coin caché de la Beauce près de Saint-Benjamin. Nous avions planifié de visiter le Miller Zoo, faire un peu de randonnée pédestre dans la région et essayer une microbrasserie à Frampton. Il y avait assez d'eau et de nourriture dans le bus pour survivre pendant 4 jours. Une bonne partie du trajet était déjà complété et plus on s'éloignait de la ville, plus les paysages devenaient magnifiques! Par contre, les routes devenaient de plus en plus mauvaises. La Beauce est impressionnante avec ses larges collines, ses belles forêts et ses pentes raides! Des fois on se demandait si notre vielle machine allait réussir à monter les pentes et bien freiner pendant les descentes.
Le bus maîtrise bien ces routes mais les plus gros problèmes sont les bosses et les trous imprévisibles. On devait tellement réduire notre vitesse que par moment on roulait à 50km/h dans une zone de 90! Nous sommes arrivés face à une côte épeurante qui devait absolument être montée et nous étions un peu inquiets. Je pèse à fond sur la pédale d'accélération pour prendre mon élan et on croise les doigts! Le bus éscalade la montagne sans problème mais rendus en haut, nous avons frappé une grosse bosse à pleine vitesse! Un bruit inquiétant s'est fait entendre du côté gauche et nous avons arrêté brièvement pour une petite vérification. Les 4 pneus étaient OK et rien ne coulait en dessous de véhicule. Juste avant de reprendre la route, ma copine a remarqué qu'il y avait quelque chose d'anormal avec la roue avant du côté conducteur. Le bouchon anti-poussière du bearing n'était plus là. Nous avons perdu cette pièce importante pendant la journée mais il y avait quelque chose d'encore plus grave. Le bearing avait accumulé de la poussière et quelques billes étaient fendues en deux. Le restant du bearing était en bon état mais je savais qu'il n'allait pas survivre très longtemps. C'est rare que cette pièce casse lors d'un impact, elle est solide et résistante. Il restait seulement 30 minutes avant d'arriver au camping et j'ai pris la mauvaise décision de reprendre la route. Je ne voulais vraiment pas annuler notre voyage et passer la nuit dans le stationnement s'une station d'essence! C'était un dimanche soir pendant les vacances de la construction et tous les garages du coin étaient fermés à ce moment là. Pour se rendre à destination, il fallait emprunter une petite route de gravier qui devenait de plus en plus sombre à cause du choucher du soleil. Le dernier kilomètre était stressant parce que l'entrée du camping n'etait pas bien indiquée sur le GPS et il n'y avait plus de réseau cellulaire!
Nous avons réussi à trouver l'endroit et stationner le bus avec succès sans perdre la roue en chemin! On pouvait maintenant se détendre, préparer quelque chose à manger et apprécier la nature autour de nous. La forêt était très sombre et il n'y avait aucune lumière autour de nous. Le calme total! Je suis allé jeter un coup d'oeil au bearing et ça se voyait qu'il n'avait pas aimé les derniers kilomètres. La pièce ressemblait à du gruau et la graisse avait coulé partout sur la roue! C'était très inquiétant et il ne fallait plus rouler à partir de maintenant. Nous avons bien profité du camping qui etait très paisible. Bien isolés dans la forêt, nous avons réussi à relaxer et nous préparer pour la suite du voyage qui était incertaine. Le deuxième soir, nous avons grillé des saucisses directement sur le feu de camp et il fallait beaucoup de bois pour se garder au chaud. C'était une nuit fraîche et le thermomètre indiquait 9°C. Une chance qu'on avait de grosses couvertures dans la van!
Avant de repartir, j'ai passé quelques heures au téléphone pour trouver un garage dans la région qui pouvait nous recevoir. La majorité des garages n'avaient pas de disponibilités et les autres étaient en vacances. J'ai finalement trouvé un endroit au sud de Lévis qui pouvait nous aider. Il se trouvait à une heure de route et on devait malheureusement se faire remorquer pour ne pas prendre plus de risques. Notre compagnie d'assurances a envoyé quelqu'un et une heure plus tard nous étions prêts à partir. Le remorqueur était inquiet de la hauteur du bus une fois monté sur son énorme véhicule. À cause de la petite cheminée sur le toit du bus, on avait la hauteur limite pour passer en dessous des viaducs! Le remorqueur nous a rassuré que tout allait bien se passer et nous sommes partis en direction de Lévis. Le chauffeur était très accueillant et nous avons échangé quelques histoires pendant le trajet. Les gens de la région sont très sympa et toujours prêts à nous aider. Une fois arrivés au garage, nous pensions que nous allions pouvoir reprendre la route rapidement. Changement de bearing, un peu de graisse, nouveau bouchon anti-poussière et de retour à l'aventure!
Malheureusement, le problème était pas mal plus grave que ça. À cause de la friction, le bearing avait fondu et s'etait soudé au "steering knuckle". Cette pièce essentielle nommée "la fusée" est l'axe de maintien en rotation de la roue. Son rôle est de maintenir la roue en place. L'extrémité de la pièce était trop endommagée et on risquait de perdre la roue. Les mécaniciens n'étaient pas capables de la réparer alors il fallait en commander une nouvelle. Trouver une pièce comme ça pour un véhicule de 23 ans qui n'est plus sur le marché est tout un défi! Le garagiste a réussi à placer une commande et la livraison était sensée se faire le lendemain. Il nous a généreusement offert une place de stationnement tranquille pour passer la nuit, il nous a fourni de l'eau pour remplir notre réservoir et on avait accès à la salle de bain de son garage! Toute une hospitalité! Un gros merci à Mathieu du garage Hallé et fils de Lévis qui a répondu à toutes nos demandes et réparé notre bus le plus rapidement possible. Nous n'étions pas très joyeux de dormir dans un stationnement mais nous avons réussi à nous changer les idées en regardant des séries télé sur la tablette.
Le garage est situé sur la route 175 qui longe la rivière Chaudière. Pas très loin, il y a une petite épicerie et le parc des Fougères sur le bord de l'eau. C'est l'endroit idéal pour tomber en panne, nous étions quand-même chanceux dans notre malchance. Le lendemain nous avons fait un pique-nique dans le parc et avons marché sur les roches de la rivière qui était presque vide à ce moment-là. L'endroit était paisible mais nous étions quand-même nerveux à cause de la pièce qui tardait à arriver. Vers la fin de la journée, le garagiste nous a informés que la pièce avait été perdue pendant la livraison. C'etait un morceau recyclé pas très cher qui arrivait d'une cour à scrap et on n'a jamais réussi à savoir ce qui s'était passé. D'un air découragé, Mathieu s'est mit à faire des appels pour essayer de trouver une autre pièce recyclée. Quelques minutes avant la fermeture du garage, il a réussi à commander une pièce venant des États-Unis qui allait être livrée dans les cinq prochains jours. Déprimés de cette mauvaise nouvelle, nous avons pris la décision d'abandonner le navire et rentrer à Montréal.
Nous avons passé une deuxième nuit au garage et le lendemain matin, nous avons pris un taxi jusqu'à la gare de Sainte-Foy et ensuite un autocar en direction de Montréal. Notre voyage ne s'est pas bien terminé mais on savait que ça allait arriver un jour ou l'autre avec ce genre de véhicule. On était conscient des risques et ça faisait partie de l'aventure. On était triste d'annoncer à notre entourage qu'on était rentré à pieds et laissé l'autobus à 250 km de la maison.
Les journées passaient et je ne recevait pas de nouvelles du garage. Nous avons appris un peu plus tard que la dernière pièce commandée n'avait pas été envoyée parce qu'elle était trop rouillée. Le fournisseur l'avait dans son inventaire mais ne l'avait pas inspecté. Ce genre d'histoire peut arriver régulièrement quand on magasine des pièces usagées dans des cours à scrap. Nous avons passé une semaine de plus à chercher partout au Québec et en Ontario mais sans résultat. La pièce n'était pas disponible nulle part! C'est un des gros désavantages quand on décide d'avoir une vieille van. Le délai d'attente était interminable et il nous restait une seule option: acheter une pièce neuve fabriquée par le concessionnaire Ford. C'était l'option la plus dispendieuse mais nous avons tout essayé pour éviter ça. Quelques journées d'attente de plus et le bus était prêt à reprendre la route. Trois semaines après l'accident, nous avons pu aller récupérer Blue Bird! La morale de l'histoire: ne pas rouler avec un véhicule brisé pour essayer d'éviter le pire! Nous avons été initiés à un autre côté de la vanlife qui fait aussi partie du jeu!
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